J’ai lu un texte très intéressant de Gilles Deleuze (dans Pourparlers, 1990) : “Post-Scriptum sur les sociétés de contrôle” qui traite du glissement qui s’opère actuellement des sociétés disciplinaires apparues au XVIIIème (famille, école, usine, hopital, prison). Ces institutions sont finies, seule leur agonie est gérée. Deleuze rejoint ainsi Foucault, Virilio et Burrough en parlant de société non plus disciplinaire mais de contrôle : l’entreprise remplace l’usine, la formation permanente remplace l’école… Contrairement à la société disciplinaire où on n’arretait pas de recommencer dans chaque institution différente (et ou chaque individu était défini par sa signature et son matricule), la société de contrôle n’en finit avec rien (l’essentiel étant alors le password -> qui renvoit à l’accès cf. L’âge des Accès de Jeremy Rifkin). De plus, à chaque type de société correspond des machines exprimant les formes sociales capables de leur donner naissance et de s’en servir : les vieilles sociétés utilisaient leviers, poulies, horloges voire machine énérgétiques; les sociétés de contrôle : machines de troisième espèce, machines informatique et ordinateurs. On passe donc d’un capitalisme de production à un capitalisme de surproduction dans laquelle les entreprises ont une “âme”, révélation terrifiante s’il en est : le marketing est devenu l’instrument du contrôle social.

“Ce qui compte n’est pas la barrière mais l’ordinateur qui repère la position de chacun licite ou illicite, et opère une modulation universelle.”
“Les anneaux d’un serpent sont encore plus compliqués que les trous d’une taupinière”